LART SERT-IL VRAIMENT À QUELQUE CHOSE ?Dans cette Ă©mission, on va voir ensemble que l'art nous cache parfois sa vraie nature.D'oĂč cette question qu'on se po La Foire internationale d'art contemporain Fiac, qui s'ouvre jeudi Ă  Paris, illustre plusieurs des travers dĂ©noncĂ©s par les pourfendeurs de ce milieu. Des critiques qui ne sont pas toutes rejetĂ©es par les acteurs de ce marchĂ© jeudi 18 au dimanche 21 octobre se tient "l'Ă©vĂ©nement le plus drĂŽle de Paris", du moins aux yeux de l'animateur Pascal Praud la Fiac, la grande foire d'art contemporain qui investit chaque annĂ©e le Grand Palais Ă  Paris. Fervent dĂ©fenseur du "bon sens", le chroniqueur tĂ©lĂ© ne manque pas une occasion de qualifier l'art contemporain de "plus grande escroquerie de notre Ă©poque", et avait raillĂ© la Fiac en 2014, sur RTL, expliquant qu'on pouvait y voir "des gogos blindĂ©s jusqu'Ă  l'ISF ... se pĂąmer devant une sculpture reprĂ©sentant une crotte de chien". >> VIDEO. Vous ĂȘtes totalement hermĂ©tique Ă  l'art contemporain ? Ces quatre Ɠuvres pourraient bien vous faire changer d'avis. Il n'est pas le seul Ă  avoir ce point de vue. L'Ă©vĂ©nement, destinĂ© Ă  la fois aux collectionneurs et aux curieux, cristallise chaque annĂ©e toutes les critiques habituelles entendues au sujet de l'art contemporain. Elles reviennent dans la bouche de nombreux sceptiques, qu'ils soient hermĂ©tiques Ă  l'art en gĂ©nĂ©ral ou plus particuliĂšrement fanatiques des peintres et sculpteurs des siĂšcles prĂ©cĂ©dents. Et peut-ĂȘtre que vous-mĂȘme, qui lisez cet article, en faites partie. Nous avons tentĂ© de rĂ©pondre Ă  six affirmations trĂšs rĂ©pandues quand il s'agit de pourfendre l'art contemporain, et de dĂ©celer leur part de vĂ©ritĂ© ou de caricature. "Je ne vois pas pourquoi je devrais aimer des Ɠuvres moches" Vous l'avez remarquĂ© les artistes contemporains ne cherchent plus forcĂ©ment Ă  faire du beau. La journaliste et critique d'art Elisabeth Couturier reconnaĂźt elle-mĂȘme que la beautĂ© "n'est pas ce qu'on attend en prioritĂ©" dans le milieu. "On espĂšre surtout d'une Ɠuvre qu'elle nous questionne, nous dĂ©stabilise". Vous pouvez ne pas partager cet avis, mais il est largement rĂ©pandu chez ceux qui font l'art contemporain, ceux qui l'exposent et ceux qui le recommandent dans les mĂ©dias. Cela dit, l'art contemporain n'a pas inventĂ© cette dĂ©marche. Prenez Gustave Courbet, un peintre du XIXe siĂšcle que vous apprĂ©ciez sans doute – c'est en tout cas le cas de nombreux dĂ©tracteurs de l'art contemporain. Vous trouvez peut-ĂȘtre son Ɠuvre "belle" par sa maĂźtrise de la peinture, mais "quand il a peint Un enterrement Ă  Ornans, un tel rĂ©alisme Ă©tait considĂ©rĂ© comme ce qu'il y avait de plus laid", explique Elisabeth Couturier. "On pensait que l'art devait transcender la rĂ©alitĂ©". Mais si vous cherchez la beautĂ©, elle existe toujours. Jean Blaise, crĂ©ateur du parcours d'art contemporain Le Voyage Ă  Nantes, cite en exemple le Serpent d'ocĂ©an du Chinois Huang Yong Ping, installĂ© en 2012 Ă  Saint-BrĂ©vin Loire-Atlantique. Dans l'esprit de l'artiste, ce squelette de serpent qui entre et sort de l'eau au rythme des marĂ©es "venait nous annoncer de trĂšs mauvaises nouvelles pour la planĂšte". "Mais en plus de donner un message, c'est une Ɠuvre Ă©poustouflante, qui a trĂšs vite Ă©tĂ© adoptĂ©e par tout le monde", se souvient-il. Et Ă  l'inverse, faire du "moche" a parfois un sens. Ainsi, en 2009, Jean Blaise cherche une Ɠuvre Ă  disposer face Ă  la nouvelle Ă©cole d'architecture de Nantes "En voyant ce trĂšs beau bĂątiment, on s'est dit qu'il serait plus intĂ©ressant de le provoquer", plutĂŽt que d'installer une statue qui se serait fondue dans le dĂ©cor. Son Ă©quipe choisit le collectif nĂ©erlandais Van Lieshout, qui conçoit "une espĂšce de gros chewing-gum bleu layette", tranchant avec la perfection moderne de l'Ă©cole. "Jean-Marc Ayrault [alors maire de Nantes] n'a pas du tout adorĂ©, parce que ça venait perturber un magnifique travail. Mais, aprĂšs une longue discussion sur le rĂŽle de l'art, il a fini par comprendre notre dĂ©marche et accepter". Ce qui montre que vous n'ĂȘtes pas le seul Ă  ĂȘtre sceptique, mais qu'on peut revoir ses positions. "Ma fille de 5 ans pourrait faire aussi bien, et moi aussi je pourrais m'y mettre" Si ce que vous admirez dans l'art, c'est le don du Caravage pour peindre la lumiĂšre, on peut comprendre que vous restiez perplexe face Ă  une toile entiĂšrement recouverte de blanc, ou que vous envisagiez d'orienter vos enfants vers une lucrative carriĂšre de peintre minimaliste. MĂȘme si les monochromes apparaissent dĂšs le dĂ©but de XXe siĂšcle, et ne sont donc pas une invention contemporaine, ils illustrent bien ce qui dĂ©range beaucoup de monde au sujet de l'art contemporain une forme de simplicitĂ©. Mais "essayez, vous verrez, ce n'est pas si facile de peindre un monochrome", prĂ©vient BĂ©atrice Joyeux-Prunel, maĂźtre de confĂ©rences en histoire de l'art contemporain Ă  l'Ecole normale supĂ©rieure de Paris. Ces toiles se distinguent les unes des autres par un travail sur la gĂ©omĂ©trie, la texture ou la teinte de blanc, qui n'est jamais totalement pure cette vidĂ©o de Vox, en anglais, vous en dira plus. Mais leur intĂ©rĂȘt rĂ©side aussi dans la dĂ©marche de l'artiste. Eh oui, "tout le monde peut avoir l'idĂ©e d'un monochrome, mais encore faut-il le faire", estime BĂ©atrice Joyeux-Prunel, et, a priori, ce n'est pas votre cas. Et si, demain, vous tentez de vendre Ă  un galeriste une toile simplement couverte de peinture blanche par vos enfants, il n'est pas sĂ»r qu'il l'achĂšte. "Pour que ce soit considĂ©rĂ© comme de l'art, il faut que ce soit adoubĂ© par le milieu", estime Elisabeth Couturier, qui a Ă©crit Art contemporain le guide Flammarion, 2015. Et cette reconnaissance des musĂ©es ou de la critique est attribuĂ©e quand ceux-ci voient que "l'artiste reprend le fil de l'histoire, qu'il emprunte les chemins ouverts par d'autres plasticiens avant lui et qu'il les ouvre encore plus". En clair, qu'il apporte quelque chose de nouveau. Prenez par exemple Fontaine, l'Ɠuvre la plus cĂ©lĂšbre du plasticien Marcel Duchamp il s'agit d'un urinoir en porcelaine, renversĂ© et signĂ© par l'artiste. Vous aussi pourriez en acheter un dans le commerce et tenter de faire la mĂȘme "Ɠuvre". Mais en prĂ©sentant cet objet dans une exposition Ă  New York en 1917 – elle fut refusĂ©e –, Duchamp faisait preuve d'un culot rĂ©volutionnaire, qui a contribuĂ© Ă  redĂ©finir ce qu'est une Ɠuvre d'art, et continue d'influencer des artistes actuels. C'est la dĂ©marche qui en fait une piĂšce majeure. Aujourd'hui, il est donc totalement acceptĂ© dans le milieu de l'art de prĂ©senter des Ɠuvres qui ne demandent pas de technique de la part de l'artiste. Et elles peuvent ĂȘtre saluĂ©es par la critique. Elisabeth Couturier prend pour exemple Mathieu Mercier, un plasticien français contemporain, auteur d'une sĂ©rie d'installations, Drum & Bass, "qui ne sont faites qu'avec des objets que vous pourriez acheter dans un magasin de bricolage. Mais quand vous les regardez, vous ĂȘtes comme devant un tableau de Mondrian", dont vous avez sans doute dĂ©jĂ  vu sans forcĂ©ment le savoir les quadrillages minimalistes et colorĂ©s. "Quand on se prend au jeu, on comprend qu'on peut faire des figures avec autre chose qu'un pinceau et de la couleur." "Vous faites semblant de trouver ça profond, mais ça n'a aucun sens" Vous aviez peut-ĂȘtre beaucoup ri en lisant qu'en 2016, un visiteur du musĂ©e d'art moderne de San Francisco avait posĂ© ses lunettes sur le sol et que certains visiteurs avaient cru qu'il s'agissait d'une Ɠuvre. S'il est juste un blagueur, est-ce aussi le cas de Marcel Duchamp et de son urinoir ? "On peut croire que c'est un escroc, mais il y a des bibliothĂšques entiĂšres remplies d'auteurs qui ont passĂ© leur vie Ă  contempler son gĂ©nie", balaye Elisabeth Couturier. "Ça veut quand mĂȘme dire qu'il a touchĂ© quelque chose. Il a ouvert des milliers de perspectives". Andy Warhol, dont le travail repose grandement sur le fait d'exposer comme des Ɠuvres d'art des objets emblĂ©matiques de la sociĂ©tĂ© de consommation, n'aurait pas existĂ© si Duchamp n'avait pas redĂ©fini ce qui peut ĂȘtre une Ɠuvre. Vous aurez donc du mal Ă  convaincre des gĂ©nĂ©rations d'historiens que l'urinoir de Duchamp n'a en fait aucun sens. Mais il arrive bien sĂ»r aux dĂ©fenseurs de l'art contemporain eux-mĂȘmes de trouver certains artistes, pourtant reconnus, totalement inintĂ©ressants. StĂ©phane Correard, qui tient lui-mĂȘme un salon de galeristes, n'est par exemple pas convaincu par le travail de Daniel Buren, l'auteur des fameuses colonnes installĂ©es dans la cour du Palais-Royal Ă  Paris. "Il a un discours thĂ©orique trĂšs fort, mais en rĂ©alitĂ©, son travail s'est 'spectacularisĂ©' au fil des annĂ©es, et aujourd'hui c'est devenu purement de la dĂ©coration", estime-t-il. Comme pour la musique ou le cinĂ©ma, vous pouvez donc parfaitement trouver sans intĂ©rĂȘt un artiste reconnu. StĂ©phane CorrĂ©ard rĂ©sume "Il y a des choses qu'on aime et d'autres, non. Ce qui n'a pas de sens, c'est d'ĂȘtre pour ou contre l'art contemporain dans son ensemble". "Je ne veux pas avoir besoin d'une notice pour comprendre les Ɠuvres" Vous n'ĂȘtes pas le seul le sujet dĂ©chire aussi les amateurs d'art contemporain. "Dans les Ă©coles d'art, le discours d'un artiste sur son travail a presque plus d'importance que le travail lui-mĂȘme", dĂ©plore ainsi StĂ©phane CorrĂ©ard. "Pour moi, la vĂ©ritĂ© d'une Ɠuvre doit se trouver dans l'Ɠuvre elle-mĂȘme. Ça doit rester quelque chose qu'on pourrait redĂ©couvrir plusieurs siĂšcles aprĂšs et comprendre." Quelle quantitĂ© d'informations faut-il donner au spectateur ? La taille des cartels qui accompagnent les Ɠuvres varie considĂ©rablement selon les musĂ©es. "Il faut donner quelques clĂ©s, mais aussi faire comprendre que ce n'est pas le plus important. Quand on a appris Ă  approcher l'art, les clĂ©s, on va les chercher soi-mĂȘme", estime Jean Blaise, qui a passĂ© sa carriĂšre Ă  installer l'art contemporain dans l'espace public. D'autant qu'une Ɠuvre n'a pas forcĂ©ment qu'un sens, dĂ©terminĂ© par l'artiste. Pour Elisabeth Couturier, "une Ɠuvre forte Ă©voque des tas de choses, que l'artiste a parfois mises inconsciemment". Et il arrive qu'il n'y ait rien de particulier Ă  comprendre. "Un artiste comme James Turrell fait appel au corps et aux sens", avec ses piĂšces vides oĂč il joue sur la lumiĂšre, explique la critique d'art. "Vous entrez et vous ĂȘtes immergĂ© dans une ambiance de couleur, du bleu, du noir. Vous ne voyez plus les arĂȘtes de la piĂšce, il vous fait perdre vos repĂšres, vous osez Ă  peine marcher. C'est magnifique". "Tout ça ne sert qu'Ă  faire de l'argent" Sans doute que la Fiac, avec ses 193 stands oĂč les Ɠuvres sont Ă  vendre, n'est pas l'Ă©vĂ©nement qui vous convaincra du contraire. StĂ©phane CorrĂ©ard trouve Ă©tonnant que "le principal Ă©vĂ©nement d'art contemporain dans l'annĂ©e soit une foire marchande". Dans le milieu de l'art, "la lĂ©gitimitĂ© apportĂ©e par le marchĂ© a dĂ©passĂ© celle apportĂ©e par les conservateurs de musĂ©es", s'inquiĂšte d'ailleurs le critique et collectionneur. Etre vendu cher fera plus de bien Ă  la carriĂšre d'un artiste que d'ĂȘtre admirĂ© par les musĂ©es, qui finissent par suivre les collectionneurs StĂ©phane CorrĂ©ard relĂšve que le Centre Pompidou Ă  Paris expose "Ă  90% des stars du marchĂ©". Vous n'avez donc pas tort en imaginant que l'argent influence au moins une partie de l'art contemporain. MĂȘme le trĂšs connu et trĂšs politique street-artist Banksy n'Ă©chappe pas au fait que ses Ɠuvres soient vendues aux enchĂšres – et quand il met en scĂšne l'autodestruction d'une de ses toiles, elle prend de la valeur. Pour les artistes, il devient difficile de se faire un nom et de vivre de leur art sans plaire aux grands collectionneurs, "des multimillionnaires qui n'ont pas forcĂ©ment une ouverture artistique Ă©norme", prĂ©cise StĂ©phane CorrĂ©ard. "Si les musiciens devaient ĂȘtre financĂ©s par Bernard Arnault ou François Pinault [deux milliardaires français et mĂ©cĂšnes importants de l'art contemporain], poursuit-il, le hard rock ou le rap existeraient-ils ?" Les critiques voient surgir des artistes "qui dĂ©fraient le marchĂ© et dont on se demande pourquoi ils sont mis en avant", estime Elisabeth Couturier, si ce n'est qu'ils plaisent Ă  ceux qui ont les moyens de les acheter. Elle se souvient notamment des "formalistes zombies", des peintres abstraits Ă  la mode en 2014 "et qui ne valent plus un clou aujourd'hui". Leurs tableaux ne portaient aucune idĂ©e forte mais Ă©taient "parfaits pour les dĂ©corateurs", rĂ©sume le New York Magazine. Mais avant de rejeter l'art contemporain parce qu'il aurait vendu son Ăąme, sachez tout de mĂȘme que tout cela n'est pas nouveau. Auteure de Les Avant-gardes artistiques. Une histoire transnationale, BĂ©atrice Joyeux-Prunel rappelle que nombre de ces mouvements d'avant-garde "ont pu innover parce que les artistes vendaient une production plus classique Ă  cĂŽtĂ©", tel Monet, envoyĂ© peindre des vues sur la CĂŽte d'Azur parce qu'elles plaisaient aux collectionneurs amĂ©ricains. En revanche, ce phĂ©nomĂšne prend aujourd'hui des proportions jamais vues dans le cas de certains artistes les plus chers du monde. La production de Damien Hirst ou Jeff Koons s'est transformĂ©e en une industrie qui emploie des dizaines de personnes, pour satisfaire la demande. "Je pense qu'ils sont aujourd'hui plus proches de ce qu'est une maison de couture qu'un artiste", estime StĂ©phane CorrĂ©ard des marques qui produisent de façon crĂ©ative, mais pour vendre Ă  des clients fortunĂ©s. Il imagine mĂȘme un futur oĂč ces stars auraient "vocation Ă  ĂȘtre remplacĂ©es un jour, Ă  la tĂȘte de leur griffe, par de jeunes stylistes qui apporteraient de nouvelles idĂ©es". La mĂ©tamorphose de certains artistes en marques, que vous pouvez dĂ©plorer, serait alors complĂšte. "On ne se souviendra jamais de ces artistes comme on se souvient de Van Gogh aujourd'hui" Cela, vous n'en savez rien, et les professionnels de l'art non plus. "Moi-mĂȘme, je me pose souvent cette question", admet Jean Blaise. "Je pense qu'on ne sait pas lesquels des artistes contemporains resteront Ă  la postĂ©ritĂ©". Ce qui est sĂ»r, c'est que l'art contemporain a un handicap par rapport aux courants qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ© il est contemporain, justement, et le "tri" de l'histoire, qui permet de distinguer les grands artistes des autres, ne s'est pas encore fait. "A l'Ă©poque de Van Gogh, il y avait des centaines de Van Gogh, en moins bons", s'amuse Elisabeth Couturier. Mais ils sont tombĂ©s dans l'oubli, et vous ne les voyez pas sur les murs des musĂ©es. De plus, vous n'ignorez sans doute pas que parmi les artistes entrĂ©s au PanthĂ©on de l'art, beaucoup Ă©taient aussi trĂšs critiquĂ©s en leur temps. "A une Ă©poque, 99% des gens pensaient que Picasso n'Ă©tait pas un artiste", rappelle Jean Blaise. "Aujourd'hui, quand je regarde les personnes en train de faire la queue pour admirer la derniĂšre exposition Picasso, je me dis qu'Ă  l'Ă©poque, elles auraient sans doute dĂ©testĂ©".
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La morositĂ© ambiante a tout enclenchĂ©. Les doutes de certains artistes, perplexes, soudain, face Ă  l'inutilitĂ© de leur art. Que le cinĂ©ma se porte bien, c'est une Ă©vidence, et Cannes le prouve chaque annĂ©e. Mais, au fond, sert-il encore Ă  quelque chose ? Mahamat-Saleh Haroun. Photo Patrick Swirc / MODDS “Le cinĂ©ma saisit la vie avant la mort”, Mahamat-Saleh Haroun, cinĂ©aste Notre relation au cinĂ©ma et Ă  toute crĂ©ation est dĂ©terminĂ©e par notre propre histoire, notre passĂ©, bref, notre vĂ©cu... Ainsi, le travail de certains Ă©crivains, comme Primo Levi ou Imre KertĂ©sz tous deux rescapĂ©s des camps de concentration, tourne sans cesse autour de la Shoah - cette horreur. Dans mon cas, la traversĂ©e de la guerre civile au Tchad a Ă©tĂ© fondatrice. J'ai Ă©tĂ© blessĂ©, j'en porte encore les stigmates. La guerre m'a projetĂ© sur les routes de l'exil. Du coup, pour moi, le cinĂ©ma sert Ă  prĂ©server "les belles choses que porte le ciel" Dante avant la catastrophe. A capter la beautĂ© des corps avant leur dĂ©chĂ©ance physique, Ă  saisir la vie avant la mort. A poser les questions existentielles liĂ©es Ă  la vie sur terre. NaĂźtre, vivre, mourir. Tel est le destin de l'homme. Tragique. Le cinĂ©ma sert Ă  questionner cette tragĂ©die humaine et Ă  "fabriquer des souvenirs", comme dit Jean-Luc Godard. » Nathalie Dessay. Photo Patrick Swirc “La beautĂ©, en gĂ©nĂ©ral, nous sauve du dĂ©sespoir”, Natalie Dessay, Cantatrice C'est prĂ©cisĂ©ment parce que le cinĂ©ma est inutile qu'il est beau. Si on y rĂ©flĂ©chit, l'art ne sert Ă  rien ce n'est pas lui qui fait respirer, manger, dormir. J'aime la rĂ©flexion de Woody Allen Ă  un journaliste qui exaltait son oeuvre "C'est trĂšs gentil, mais si vous avez une fuite dans votre appartement, un plombier vous sera nettement plus utile que moi..." Si ce n'est que tout ce que je viens de dire est faux au final, la lecture, la peinture, la beautĂ©, en gĂ©nĂ©ral, nous sauvent du dĂ©sespoir. MomentanĂ©ment, du moins. Au cinĂ©ma, les images qui permettent d'entrer de plain-pied dans la tĂȘte d'un auteur nous rendent moins seuls. Et nous permettent d'oublier, un instant, la prescience de notre mort... RĂ©cemment, j'ai vu Birdman, d'Alejandro GonzĂĄlez Iñårritu. J'avais dĂ©jĂ  aimĂ© 21 Grammes et Babel, mais lĂ ... Rien que le premier plan, tenez un type en lĂ©vitation. On ne sait pas qui il est, pourquoi il est ainsi. C'est tout ce que j'aime un rĂ©alisateur qui sollicite, soudain, mon imaginaire. Celui qui me dit "1 + 1 = 2" ne m'intĂ©resse pas. » Fabrice Luchini. Photo Jean-Francois Robert “Ce qu'est le cinĂ©ma pour moi un dĂ©lassement”, Fabrice Luchini, comĂ©dien L'art utilitaire m'a toujours effrayĂ©. Je me souviens, en 1969, me promenant dans une forĂȘt de l'arriĂšre-pays niçois, avoir rencontrĂ© deux maoĂŻstes, tendance dure, Ă  qui j'ai dĂ» dire une banalitĂ© comme "Qu'elle est belle, la forĂȘt, en cette saison !" L'un d'eux m'a rĂ©pliquĂ© "Tu es en pleine crise de disposition esthĂ©tisante, qui exalte ton comportement rĂ©actionnaire." Et l'autre a ajoutĂ© "Cette forĂȘt ne deviendra belle que si elle chauffe la classe ouvriĂšre"... Je vais vous dire ce qu'est le cinĂ©ma, pour moi un dĂ©lassement. Au théùtre, j'ai un double souci ne pas trahir le sens profond du texte par excĂšs de puissance vocale et, en mĂȘme temps, me faire entendre des derniers rangs - un travail d'assouplissement musculaire assez brutal. Au cinĂ©ma, je ne fais plus d'effort physique je me laisse couler dans la couleur souhaitĂ©e par le rĂ©alisateur. Cela dit, j'ai toujours ressenti, sur un tournage, l'incroyable bonheur de vivre dans une communautĂ© qui accepte de dĂ©penser entre 3 et 10 millions d'euros pour rendre rĂ©el le rĂȘve d'un artiste. Une sociĂ©tĂ© qui peut se le permettre est riche... Pour vous dire la vĂ©ritĂ©, mĂȘme si je trouve que Marcel Pagnol, dans ses films, aborde des thĂšmes comparables Ă  ceux de Sophocle, mĂȘme si j'ai une passion pour Henri-Georges Clouzot, mĂȘme si j'ai une admiration sans borne pour les comĂ©diens d'avant-guerre, et mĂȘme si je suis capable de voir cinq fois de suite Le Parrain, de Coppola, en m'extasiant, jamais le plus beau des films ne m'a donnĂ© le bonheur que m'apportent, encore aujourd'hui, Un cƓur simple, de Flaubert, Voyage au bout de la nuit, de CĂ©line, et A la recherche du temps perdu, de Proust. Roland Barthes disait que les images ne peuvent pas tout, contrairement aux mots. Il avait raison. » Benjamin Biolay. Photo Patrick Swirc “Le cinĂ©ma rappelle aux gĂ©nĂ©rations futures le gĂ©nie de Marilyn”, Benjamin Biolay, chanteur, compositeur et comĂ©dien J'ai montrĂ©, un soir, Les 400 Coups Ă  ma fille. Le choc qu'elle a eu ! Jusqu'Ă  5 heures du matin, elle a voulu voir L'Amour Ă  20 ans, Baisers volĂ©s, Domicile conjugal, L'Amour en fuite. Elle ne voulait plus lĂącher Antoine Doinel ! La veille, elle ne jurait que par Ryan Gosling. Le lendemain, c'est l'affiche des 400 Coups qui Ă©tait en fond d'Ă©cran sur son ordi !... VoilĂ , en fait, ce Ă  quoi sert le cinĂ©ma rappeler aux gĂ©nĂ©rations futures la prĂ©sence de Jean-Pierre LĂ©aud. Ou le gĂ©nie de Marilyn, ma star prĂ©fĂ©rĂ©e... Quand j'entends dire qu'elle jouait mal, je deviens agressif, comme si on avait insultĂ© ma mĂšre. Qui plus est, Ă  mes yeux, c'est l'une des plus grandes chanteuses de tous les temps. La seule Blanche qui sonne comme Ella Fitzgerald... » VĂ©ronique Cayla. Photo Lea Crespi/pasco “Il ouvre sur l'altĂ©ritĂ©. C'est un vecteur de tolĂ©rance”, VĂ©ronique Cayla, prĂ©sidente du directoire d'Arte France Dans notre monde saturĂ© d'images en tous genres, le cinĂ©ma ne devrait plus avoir ni de sens ni de place ? C'est tout Ă  fait le contraire ! Dans ce monde oĂč rĂšgnent l'immĂ©diatetĂ© et la vitesse, il est une respiration, une parenthĂšse, comme un moment de suspension du temps. Milan Kundera dirait que le cinĂ©ma d'auteur renoue avec le plaisir de la lenteur et de la mĂ©moire, contre l'instantanĂ©itĂ©, l'instabilitĂ© et l'oubli... Un film est toujours le regard ciselĂ© d'un artiste posĂ© sur le monde, un geste rĂ©flĂ©chi et construit sur une Ă©poque. Il est transfiguration du rĂ©el lĂ  oĂč trop d'images sont dans la rĂ©alitĂ© immĂ©diate, comme le flux dĂ©versĂ© en boucle par les chaĂźnes d'information. Il suffit de regarder Le Havre, d'Aki KaurismĂ€ki, ou Timbuktu, d'Abderrahmane Sissako, pour comprendre la force Ă©vocatrice et poĂ©tique du cinĂ©ma sur les enjeux et les convulsions de notre Ă©poque. De mĂȘme, Still the water, de Naomi Kawase, est emblĂ©matique de l'Ă©motion universelle que peut procurer un film Ă  travers un rĂ©cit pourtant trĂšs personnel. Car le cinĂ©ma est par essence affaire de partage. Tandis que la plupart des images qui transitent sur Internet aujourd'hui replient, recroquevillent l'individu sur lui-mĂȘme, le cinĂ©ma, au contraire, ouvre sur l'altĂ©ritĂ©, promesse de dialogue et d'Ă©changes avec les autres cultures, et donc vecteur de comprĂ©hension mutuelle — et de tolĂ©rance. LĂ  oĂč le foisonnement des images rime souvent avec le rĂ©trĂ©cissement de notre univers, le cinĂ©ma, lui, Ă©largit notre champ de vision. » Fanny Ardant. Photo Patrick Swirc “Le cinĂ©ma, c'est la lumiĂšre dans le noir. Et sans lumiĂšre, on devient fou”, Fanny Ardant, comĂ©dienne et rĂ©alisatrice Mais pourquoi faut-il que le cinĂ©ma serve Ă  quelque chose ? Quel est ce besoin de notre sociĂ©tĂ© de vouloir ĂȘtre utile Ă  toute force ! Le cinĂ©ma, c'est la lumiĂšre dans le noir. Et sans lumiĂšre, on devient fou... Il nous indique un chemin, celui oĂč il ne fallait pas aller, oĂč il ferait bon d'aller, oĂč il aurait Ă©tĂ© bon d'aller. J'ai toujours vu le cinĂ©ma comme une promesse. Chaque film en est une. Chaque salle que l'on ouvre, aussi. Et tant pis si, comme trop souvent, elles s'avĂšrent dĂ©cevantes. L'essentiel, c'est la dĂ©couverte. Dans une salle, sur un DVD, en VOD, que sais-je ? L'essentiel, c'est de suffoquer, brusquement, devant un plan, une rĂ©plique, un mouvement de camĂ©ra qui semblent n'avoir Ă©tĂ© imaginĂ©s que pour vous... Et tant pis si je ne vois pas que des chefs-d'Ɠuvre. Quelle importance ? Seule la quĂȘte importe. L'attente. Être aux aguets. De mĂȘme qu'on entretient son souffle en courant, on entretient sa curiositĂ© en lisant ce que d'autres Ă©crivent, en regardant ce qu'ils filment. Sinon, c'est la sclĂ©rose garantie. Celui qui dit "A quoi bon tel livre ? A quoi bon tel film ?" est dĂ©jĂ  passĂ© du cĂŽtĂ© des morts. Ou plutĂŽt, il a mis dĂ©finitivement une croix noire sur sa vie. » Harry Gruyaert. Photo Renaud Monfourny “Il me stimule. Son influence a Ă©tĂ© capitale”, Harry Gruyaert, photographe A me faire aimer la vie. J'ai une grande affinitĂ© sentimentale avec Truffaut. J'ai tellement Ă©tĂ© amoureux des actrices, celles de Bergman, par exemple. D'un point de vue esthĂ©tique, j'ai beaucoup appris en regardant les films d'Antonioni. Son sens des lieux, de l'architecture est tel que, quand il filme Rome, Barcelone ou Vienne, je perçois immĂ©diatement la ville. J'espĂšre qu'il en est de mĂȘme dans mes photos. Le cinĂ©ma est pour moi bien plus important que la littĂ©rature, peut-ĂȘtre mĂȘme plus important que la peinture. Il me stimule, m'apprend des choses. Son influence a Ă©tĂ© capitale. Et je ne peux imaginer vivre sans lui. Resterait alors un vide immense. » Edgar Morin. photo Denis Rouvre “Il ne nous sert pas nous nous servons de lui pour vivre poĂ©tiquement”, Edgar Morin, philosophe Luc Bondy. Photo Jean-Luc Bertini / Pasco “La mĂ©moire du cinĂ©ma fait de chacun de nous des artistes”, Luc Bondy, Metteur en scĂšne et directeur de l'OdĂ©on-Théùtre de l'Europe Le cinĂ©ma ne sert Ă  rien. Et il est indispensable. Comme le superflu. On comprend mieux certaines situations auxquelles on est confrontĂ© aprĂšs les avoir vues au cinĂ©ma. La PrisonniĂšre du dĂ©sert de John Ford m'a beaucoup appris sur la sĂ©paration avec l'ĂȘtre aimĂ©, et Eve de Mankiewicz sur l'ambition et la rivalitĂ© cachĂ©es de certains collaborateurs... Antonioni et Bergman m'ont aussi enseignĂ© Ă  grandir, Ă  vieillir. Les Ă©motions ressenties grĂące aux images sur grand Ă©cran sont souvent tellement plus violentes. Comme un Ă©lectrochoc dans la poitrine. C'est pour ça que je peste, parfois, contre l'accessibilitĂ© des films sur n'importe quel petit Ă©cran d'ordinateur ou de smartphone. Le choc se perd ! Mais couchĂ©, le soir, je ne peux pourtant m'empĂȘcher de regarder encore et encore, sur ces mini-Ă©crans, les chefs-d'Ɠuvre qui m'ont nourri. Et appris Ă  me souvenir... A l'internat, adolescent, nous nous racontions des nuits entiĂšres les films que nous aimions. Et en les racontant, finalement, on en inventait d'autres, on devenait crĂ©atifs. La mĂ©moire du cinĂ©ma fait de chacun de nous des artistes. C'est essentiel. » Jacques RanciĂšre. Photo Lea Crespi / Pasco “On y a appris, en somme, Ă  ĂȘtre au monde”, Jacques RanciĂšre, philosophe A quoi le cinĂ©ma sert-il encore ? Mais qui a jamais su, profits financiers mis Ă  part, Ă  quoi il servait exactement ? Du théùtre, on nous a dit qu'il Ă©tait une assemblĂ©e du peuple; de la peinture, qu'elle nous mettait en prĂ©sence du sacrĂ©, et de la culture qu'elle dĂ©veloppait l'esprit critique. Le cinĂ©ma Ă©tait trop peu de chose pour qu'on l'accablĂąt de telles missions. Chacun a pu s'y laisser aller au plaisir des histoires et des images sans se demander si c'Ă©tait de l'art, et rĂ©partir librement, en regardant sur une toile blanche des ombres qui lui montraient un monde semblable au sien, la part du simulacre et celle de la rĂ©alitĂ©. On y a appris Ă  percevoir la singularitĂ© d'un regard collĂ© Ă  une fenĂȘtre, d'un geste de complicitĂ© imperceptible, d'un mouvement qui cache l'Ă©motion qu'il exprime. On y a appris, en somme, Ă  ĂȘtre au monde. Certains voient cette Ă©ducation Ă©vanouie avec les grandes salles d'hier. Mais la nostalgie de ce qu'il n'est plus appartient au charme prĂ©sent du cinĂ©ma ; la grĂące des gestes et des Ă©motions qu'il a créés est largement disponible sur ces Ă©crans d'ordinateurs oĂč certains voient sa mort. Et la surprise d'une image ou d'un son imprĂ©vu peut toujours advenir. Je pense Ă  un film chinois Nezha, de Li Xiaofeng. Une salle de classe de la Chine profonde; une fillette, une nouvelle, qui dĂ©barque dans la classe, en amenant son pupitre. Une condensation d'immĂ©moriales histoires d'enfance pauvre et d'un moment de l'histoire du monde. Le film se perd ensuite dans des rĂšglements de comptes familiaux. Mais de beaucoup de films prompts Ă  se perdre, il y a encore bien des moments d'Ă©motion, de grĂące et de surprise Ă  extraire pour enrichir notre perception du monde. » SĂ©lection officielle Cannes 2015 Festival de Cannes 2015 Benjamin Biolay Edgar Morin Fabrice Luchini Fanny Ardant Luc Bondy Mahamat-Saleh Haroun VĂ©ronique Cayla Partager Contribuer Sur le mĂȘme thĂšme Accueil> Risque et RĂ©glementations > Le monopole bancaire sert-il (encore) Ă  quelque chose ? Point de vue Le monopole bancaire sert-il (encore) Ă  quelque chose ? À l'heure oĂč le monopole bancaire « Ă  la française » se trouve de plus en plus bousculĂ©, la question de sa raison d'ĂȘtre, voire de son utilitĂ©, mĂ©rite d'ĂȘtre posĂ©e. L'auteur ‱ Hubert de Vauplane ‱ Avocat associĂ©
La trahison des images, RenĂ© Magritte Beaucoup d’entre vous verront sĂ»rement une pipe dans ce tableau. Eh bien dĂ©trompez-vous ! RenĂ© Magritte, peintre belge ayant longuement travaillĂ© sur la trahison des images, a souhaitĂ© dĂ©montrer Ă  travers cette fameuse pipe qu’il ne s’agissait pas d’une pipe mais uniquement de sa reprĂ©sentation et l’action de la pensĂ©e du peintre sur cette reprĂ©sentation. C’est ce qu’est l’art la reprĂ©sentation des choses et ce qu’en pense le peintre. Mais
 A quoi ça sert, l’art ? L’art sert Ă©videmment Ă  marquer l’histoire, Ă  laisser une trace, non pas des Ă©vĂšnements mais surtout de la pensĂ©e de ceux vivant l’époque dont il est question. Portrait de RenĂ© Descartes Retour Ă  vos cours de philosophie. Le fameux Cogito ergo sum » soit je pense donc je suis » de Descartes nous fait comprendre que l’homme est dotĂ© d’une conscience, Ă  l’inverse des animaux. C’est parce que nous sommes des ĂȘtres capables de rĂ©flexion que nous sommes humains. Spinoza, lui, disait que nous avons tous un conatus, une identitĂ© qui nous est propre. Comme le cheval galope, l’humain pense. Il est essentiel de s’interroger, de rĂ©flĂ©chir sur un sujet ou un autre afin de s’épanouir en tant qu’Homme. L’art, c’est une praxis. Au mĂȘme titre que la philosophie, ce sont des activitĂ©s qui ne produisent aucune valeur ajoutĂ©e et qui n’ont aucun but mis Ă  part le perfectionnement de l’agent » comme le disait Aristote. C’est une activitĂ© qui permet ce travail de rĂ©flexion. En ce sens, un tableau ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une simple dĂ©coration. Il ne s’agit pas de le trouver beau » ou moche », mais il implique un travail de rĂ©flexion et une visualisation mentale particuliĂšre. Photographie de Serge Gainsbourg Bien sĂ»r, l’art ne parle pas Ă  tout le monde. Serge Gainsbourg, lors de son altercation avec Guy BĂ©art, a donnĂ© une classification des arts qu’il a scindĂ© en deux catĂ©gories les arts mineurs et les arts majeurs. Selon lui, les arts majeurs correspondent Ă  ceux que seuls les initiĂ©s peuvent comprendre la peinture, la poĂ©sie, l’architecture, le classique. Les arts mineurs sont ceux qui parlent Ă  tout le monde, comme la chanson. Il est certes difficile de comprendre tout le travail de dur labeur qu’il y a derriĂšre la construction d’une cathĂ©drale si nous ne sommes pas architecte, pourtant rien ne nous empĂȘche d’en apprĂ©cier sa grandeur et de la contempler longuement. Il en est de mĂȘme pour la peinture. Voici une vulgaire mĂ©thodologie afin d’analyser une Ɠuvre d’art. 3 questions se posent Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Le Quoi de quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que le peintre nous reprĂ©sente ? Qu’est-ce que nous voyons Ă  distance lointaine ? Le Comment comment cela nous est reprĂ©sentĂ© ? Quelles techniques ? Quelles couleurs ? Quels matĂ©riaux ? Quels mouvements ? Qu’est-ce que nous voyons de trĂšs prĂšs ? Quels sentiments sont suscitĂ©s ? Le Pourquoi A distance moyenne, il s’agit du moment oĂč l’Ɠuvre fait miroir sur nous. Soit nous sommes dĂ©jĂ  touchĂ©s et nous arrivons Ă  nous Ă©vader en imaginant le avant/aprĂšs la scĂšne qui nous est prĂ©sentĂ©e, on se remĂ©more des souvenirs, des moments vĂ©cus, et on rĂ©flĂ©chit sur un sujet en particulier. Soit l’Ɠuvre ne fait pas Ă©cho sur nous et nous devons nous interroger davantage, notamment Ă  travers la vie de l’artiste. Pourquoi l’artiste a-t-il reprĂ©sentĂ© cela ? Que se passait-il dans sa vie Ă  ce moment-lĂ  ? Dans quel contexte l’a-t-il rĂ©alisĂ© ? Quel Ă©tait le courant de pensĂ©e de l’époque ? Oyez oyez les rĂ©ticents Ă  l’art. Si nous ne comprenez pas les Ɠuvres abstraites, voici un exemple succinct d’un tableau de Mondrian, Composition en rouge, jaune, bleu ». Composition en rouge, jaune, bleu On voit des carrĂ©s, des rectangles, des lignes. C’est trĂšs linĂ©aire, droit les formes ne jaillissent pas dans tous les sens. Il y a les trois couleurs primaires magenta, jaune, cyan et les 2 valeurs noir et blanc. C’est une huile sur toile. La toile mesure 400x400cm, elle est carrĂ©e. La peinture est trĂšs lisse. Les mouvements sont parfaitement exĂ©cutĂ©s, c’est trĂšs agrĂ©able Ă  regarder. Selon la vie de l’artiste qui nous est gĂ©nĂ©ralement renseignĂ©e pendant une exposition, on apprend que Mondrian fait partie du courant du nĂ©oplasticisme et qu’il peint un idĂ©al abstrait » et une essentialisation du monde ». On comprend l’essentiel avec ces couleurs primaires, ainsi que l’idĂ©al Ă  travers ces formes parfaitement droites. Pour Mondrian, lignes et aplats de couleurs n’existent pas en soi, en tant qu’entitĂ©s fixes, mais les unes par rapport aux autres. On peut reflĂ©ter cette idĂ©e sur nous et se dire que nous n’existons en tant qu’humains que les uns par rapport aux autres. Cette idĂ©e a d’ailleurs Ă©tĂ© traitĂ©e dans le film l’Enfant Sauvage, enfant Ă©levĂ© non pas en sociĂ©tĂ© mais dans la nature avec des animaux. Nous avons tous un conatus. Pour certain c’est l’art. Pour d’autre, la littĂ©rature, le cinĂ©ma, la poĂ©sie. Et le vĂŽtre ? Metry Sephora
Lart sert-il Ă  quelque chose? Les utilitĂ©s de l'art sont contestĂ©es par beaucoup de gens au travers du monde, et cela est tout Ă  fait comprĂ©hensible. En effet si l'on regarde une peinture ou une statue, on peut tout Ă  fait se demander a quoi cela sert. Pourtant si l'on y rĂ©flĂ©chie, pour tout le monde ou presque, l'art fait partie Mise Ă  jour le vendredi 26 aoĂ»t 2022 Ă  21h53 L'art n'est pas une simple imitation de la nature. C'est l'expression de l'homme ou encore la marque qu'il laisse de ses idĂ©es dans le monde. Ce qui est diffĂ©rent de l'art de la reproduction qui est le propre de la technique. Une Ɠuvre d'art rĂ©pond au critĂšre du beau. L'art regroupe les Ɠuvres humaines destinĂ©es Ă  toucher les sens et les Ă©motions du public. Il peut s'agir aussi bien de peinture que de sculpture, vidĂ©o, photo, dessin, littĂ©rature, musique, danse
 Les beaux-arts sont dans la tradition acadĂ©mique occidentale un ensemble de disciplines artistiques. Ils incluent historiquement le dessin, la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique, la poĂ©sie, le théùtre et la danse. Nous vous proposons une sĂ©lection de citations sur l'art, sur l'oeuvre d'art, le dessin, la peinture, la sculpture ainsi que la gravure. L’art est une abstraction, c’est le moyen de monter vers Dieu en faisant comme notre divin MaĂźtre, de Paul Gauguin Le seul rĂ©el dans l’art, c’est l’ de Paul ValĂ©ry L’art, est Ă  l’image de la crĂ©ation. C’est un symbole, tout comme le monde terrestre est un symbole du de Paul Klee L'art, c'est la crĂ©ation propre Ă  l'homme. L'art est le produit nĂ©cessaire et fatal d'une intelligence limitĂ©e, comme la nature est le produit nĂ©cessaire et fatal d'une intelligence infinie. L'art est Ă  l'homme ce que la nature est Ă  de Victor Hugo L’art, est Ă  l’image de la crĂ©ation. C’est un symbole, tout comme le monde terrestre est un symbole du de Paul Klee L’art, c’est le plus court chemin de l’homme Ă  l’homme. Citations d'AndrĂ© Malraux La peinture est un art, et l’art dans son ensemble n’est pas une crĂ©ation sans but qui s’écoule dans le vide. C’est une puissance dont le but doit ĂȘtre de dĂ©velopper et d’amĂ©liorer l’ñme de Wassily Kandinsky L’art vĂ©ritable n’est pas seulement l’expression d’un sentiment, mais aussi le rĂ©sultat d’une vive intelligence. Citations de Hendrik Petrus Berlage C’est Ă©patant, les artistes. Ils sont fous, comme tout le monde, mais pas vraiment comme tout le monde. J’ai un faible pour eux. Citations de Françoise Giroud L’oeuvre d’art n’est pas le reflet, l’image du monde; mais elle est Ă  l’image du monde. Citations de EugĂšne Ionesco En art, il faut croire avant d'y aller voir. Citations de LĂ©on-Paul Fargue L’oeuvre d’art n’est pas le reflet, l’image du monde; mais elle est Ă  l’image du monde. Citations de EugĂšne Ionesco Je ne fais ni de l’Art pour l’Art, ni de l’Art contre l’Art. Je suis pour l’Art, mais pour l’art qui n’a rien Ă  voir avec l’Art, car l’art a tout Ă  voir avec la vie. Citations de Robert Rauschenberg L’oeuvre surgit dans son temps et de son temps, mais elle devient oeuvre d’art par ce qui lui Ă©chappe. Citations d'AndrĂ© Malraux Ce qui nous impressionne dans une oeuvre d’art est bien rarement l’oeuvre en elle-mĂȘme, mais l’idĂ©e que les autres s’en font, et c’est pourquoi sa valeur commerciale subit d’énormes changements. Citations de Gustave Le Bon Ce qui importe par-dessus tout dans une oeuvre d’art, c’est la profondeur vitale de laquelle elle a pu jaillir. Citations de James Joyce Une oeuvre d’art a un auteur, et pourtant, quand elle est parfaite, elle a quelque chose d’essentiellement anonyme. Elle imite l’anonymat de l’art divin. Ainsi la beautĂ© du monde prouve un Dieu Ă  la fois personnel et impersonnel, et ni l’un ni l’autre. Citations de Simone Weil Avant l’oeuvre, oeuvre d’art, oeuvre d’écriture, oeuvre de parole, il n’y a pas d’artiste, ni d’écrivain, ni de sujet parlant, puisque c’est la production qui produit le producteur, le faisant naĂźtre ou apparaĂźtre en le prouvant. Citations de Maurice Blanchot Une oeuvre d’art, c’est le moyen d’une Ăąme. Citations de Maurice BarrĂšs La dĂ©finition d’une oeuvre d’art ne saurait ĂȘtre autre que celle-ci Une oeuvre d’art est un coin de la crĂ©ation vu Ă  travers un tempĂ©rament. Citations de Emile Zola Toute grande oeuvre d’art est le fruit d’une humilitĂ© profonde. Citations de ValĂ©ry Larbaud En toute oeuvre d’art, la pensĂ©e sort de l’oeuvre, et jamais une oeuvre ne sort d’une pensĂ©e. Citations de Emile-Auguste Chartier, dit Alain Une oeuvre d’art n’expose pas une vĂ©ritĂ© préétablie; elle incarne une vĂ©ritĂ© vĂ©cue. Citations de AndrĂ© Maurois Aucune oeuvre d’art ne doit ĂȘtre dĂ©crite ni expliquĂ©e sous les catĂ©gories de la communication. Citations de Theodor Wiesengrund Adorno Nulle dĂ©couverte n’a jamais Ă©tĂ© faite par dĂ©duction logique, aucune oeuvre d’art sans calcul, ni mĂ©tier; dans l’une comme dans l’autre interviennent les jeux Ă©motifs de l’inconscient. Citations de Arthur Koestler Une vraie femme, la mienne, par exemple, ne cherche pas Ă  crĂ©er des oeuvres d’art elle est une oeuvre d’art. Citations de Alison Lurie Une oeuvre d’art existe en tant que telle Ă  partir du moment oĂč elle est regardĂ©e. Citations de Nicos Hadjinicolaou La vie est courte, l’art est long ». Hippocrate, Aphorismes, I ». C’est par l’expĂ©rience que progressent la science et l’art ». Aristote, MĂ©taphysique ». L’amour de l’art n’a jamais enrichi personne ». PĂ©trone, Satiricon, LXXXIII ». L’art conserve la mĂ©moire d’une grande beautĂ© ». Michel-Ange, Madrigal XXI, L’art ». Mon mĂ©tier et mon art, c’est vivre ». Michel de Montaigne, Essais, II, 6 ». Le but de l’art, c’est la dĂ©lectation ». Nicolas Poussin. Toute habilitĂ© dans un art quelconque mĂ©rite des Ă©loges ». Carlo Goldoni, TĂ©rence, II, 1 ». La beautĂ© des choses existe dans l’esprit de celui qui les contemple ». David Hume. Les arts, comme les sciences, doivent leur naissance Ă  nos vices nous serions moins en doute sur leurs avantages, s’ils la devaient Ă  nos vertus ». Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts ». L’art est la belle reprĂ©sentation d’une chose et non la reprĂ©sentation d’une belle chose ». Emmanuel Kant, Extrait de la Critique de la facultĂ© de juger ». L’objet de l’art est d’unir la matiĂšre aux formes qui sont ce que la nature a de plus vrai, de plus beau et de plus pur ». Joseph Joubert, PensĂ©es ». Seuls l’art et la science Ă©lĂšvent l’homme jusqu’à la divinitĂ© ». Ludwig van Beethoven. L’art est la vie, la vie c’est l’art ». William Blake, Le premier Livre d’Urizen ». D’une façon gĂ©nĂ©rale, il faut dire que l’art, quand il se borne Ă  imiter, ne peut rivaliser avec la nature, et qu’il ressemble Ă  un ver qui s’efforce en rampant d’imiter un Ă©lĂ©phant. Dans ces reproductions toujours plus ou moins rĂ©ussies, si on les compare aux modĂšles naturels, le seul but que puisse se proposer l’homme, c’est le plaisir de crĂ©er quelque chose qui ressemble Ă  la nature ». Friedrich Hegel, Introduction Ă  l’esthĂ©tique ». Le sublime lasse, le beau trompe, le pathĂ©tique seul est infaillible dans l’art ». Alphonse de Lamartine, Confidences ». Le travail constant est la loi de l’art comme celle de la vie ; car l’art, c’est la crĂ©ation idĂ©alisĂ©e ». HonorĂ© de Balzac, La Cousine Bette ». L’art c’est le reflet que renvoie l’ñme humaine Ă©blouie de la splendeur du beau ». Victor Hugo. Il n’y a pas d’art, il n’y a que des hommes ». Alfred de Musset, Un mot sur l’art moderne ». L’art est un bien infiniment prĂ©cieux, un breuvage rafraĂźchissant et rĂ©chauffant, qui rĂ©tablit l’estomac et l’esprit dans l’équilibre naturel de l’idĂ©al ». Charles Baudelaire, Salon de 1846 ». CITATIONS SUR L’ART L’amour, quel qu’il soit, est le premier Ă©lĂ©ment de l’art; c’est son air vital». Alexandre Dumas, fils, L’affaire ClĂ©menceau ». L’art est une activitĂ© qui permet Ă  l’homme d’agir sciemment sur ses semblables au moyen de certains signes extĂ©rieurs afin de faire naĂźtre en eux, ou de faire revivre, les sentiments qu’il a Ă©prouvĂ©s ». LĂ©on TolstoĂŻ, Qu’est-ce que l’art ? ». L’art n’est pas un amour lĂ©gitime ; on ne l’épouse pas, on le viole ». Edgar Degas. L’art c’est la plus sublime mission de l’homme, puisque c’est l’exercice de la pensĂ©e qui cherche Ă  comprendre le monde et Ă  le faire comprendre ». Auguste Rodin. L’art a lieu par hasard ». StĂ©phane MallarmĂ©, ƒuvres en prose ». L’art et rien que l’art, nous avons l’art afin de ne pas mourir de la vĂ©ritĂ© ». Friedrich Nietzsche. Werke ». En art comme en amour, l’instinct suffit ». Anatole France, Le jardin d’Epicure ». L’art est une abstraction, c’est le moyen de monter vers Dieu en faisant comme notre divin MaĂźtre, crĂ©er ». Paul Gauguin. C’est Richepin qui a dit quelque part L’amour de l’art fait perdre l’amour vrai. Je trouve cela terriblement juste, mais Ă  l’encontre de cela, l’amour vrai dĂ©goĂ»te de l’art ». Vincent van Gogh, Lettre Ă  ThĂ©o ». La vie imite l’art, bien plus que l’art n’imite la vie ». Oscar Wilde. L’art vise Ă  imprimer en nous des sentiments plutĂŽt qu’à les exprimer ». Henri Bergson. L’ƒUVRE D’ART L’art, c’est l’idĂ©e de l’Ɠuvre, l’idĂ©e qui existe sans matiĂšre ». Aristote, Parties des animaux ». Bien qu’on ait du cƓur Ă  l’ouvrage, l’art est long et le temps est court ». Charles Baudelaire, Les fleurs du mal ». La dĂ©finition d’une Ɠuvre d’art ne saurait ĂȘtre autre que celle-ci une Ɠuvre d’art est un coin de la crĂ©ation vu Ă  travers un tempĂ©rament ». Emile Zola, Mes haines, Proudhon et Courbet, I ». Une Ɠuvre d’art n’est lisible que par approfondissements successifs ». Friedrich Nietzsche. Une Ɠuvre d’art n’est supĂ©rieure que si elle est, en mĂȘme temps, un symbole et l’expression exacte d’une rĂ©alitĂ© ». Guy de Maupassant, La Morte ». Une Ɠuvre d’art c’est le moyen d’une Ăąme ». Maurice BarrĂšs, Mes cahiers ». Chaque Ă©poque d’une civilisation crĂ©e un art qui lui est propre et qu’on ne verra jamais renaĂźtre. Tenter de revivifier les principes d’art des siĂšcles Ă©coulĂ©s ne peut que conduire Ă  la production d’Ɠuvres mort-nĂ©es ». Vassily Kandinsky. L’Ɠuvre d’art est un arrĂȘt du temps ». Pierre Bonnard. L’Ɠuvre d’art c’est une idĂ©e qu’on exagĂšre ». AndrĂ© Gide, Journal 1889-1939 ». Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous,
 » Marcel Proust, A la recherche du temps perdu ». Citations sur L’ƒUVRE D’ART Les Ɠuvres d’art sont d’une infinie solitude ; rien n’est pire que la critique pour les aborder. Seul l’amour peut les saisir, les garder, ĂȘtre juste envers elles ». Rainer Maria Rilke, Extrait des Lettres Ă  un jeune poĂšte ». L’Ɠuvre d’art a une mission mystique qui est de racheter le rĂ©el ». E. Jaloux, Essences ». La demande de Beau est considĂ©rable, les trois quarts de gestes et aspirations journaliers sont inquiets de ce dĂ©sir. LĂ  aussi, la loi de l’offre et de la demande fonctionne ». Fernand LĂ©ger, citĂ© par Eric Michaud dans Fabriques de l’homme nouveau de LĂ©ger Ă  Mondrian ». L’art ne doit nous rĂ©vĂ©ler que des idĂ©es, des essences spirituelles dĂ©gagĂ©es de toute forme. Ce qui importe par-dessus tout dans une Ɠuvre d’art, c’est la profondeur vitale de laquelle elle a pu jaillir ». James Joyce, Ulysse ». Une Ɠuvre d’art peut exiger que nous lui sacrifiions jusqu’à nos scrupules ». Jean Rostand, Pages d’un moraliste » L’Ɠuvre d’art n’a de valeur que dans la mesure oĂč elle frĂ©mit des rĂ©flexes de l’avenir ». AndrĂ© Breton, citĂ© par O. Revault d’Allones, Ă  La crĂ©ation artistique et les Promesses de la libertĂ© ». La perception de l’Ɠuvre d’art repose non pas sur un processus de reconnaissance mais de comprĂ©hension. L’Ɠuvre d’art est le possible et le probable, elle n’est jamais le certain L’Ɠuvre d’art naĂźt du renoncement de l’intelligence Ă  raisonner le concret ». Albert Camus, Le mythe de Sisyphe ». Une Ɠuvre d’art existe en tant que telle Ă  partir du moment oĂč elle est regardĂ©e ». Nicos Hadjinicolaou, Extrait de Histoire et critique des arts ». LE DESSIN Le dessin, que d’un autre nom nous appelons trait, est ce en quoi consiste et ce qui constitue la source et le corps de la peinture, de l’architecture et de tous les autres genres d’art, et la racine de toutes les sciences ». Michel-Ange. De belles couleurs bien nuancĂ©es plaisent Ă  la vue, mais ce plaisir est purement de sensation. C’est le dessin, c’est l’imitation qui donne Ă  ces couleurs de la vie et de l’ñme ». Jean-Jacques Rousseau. Mon affaire est dessiner ce que je vois, non ce que je sais ». Joseph Mallord William Turner. Le dessin est la probitĂ© de l’art ». Jean-Auguste Ingres. Si toute Ă©criture provient d’abord d’un vrai dessin, tout dessin est aussi destinĂ© primitivement Ă  perpĂ©tuer une attitude expressive ». Auguste Comte, SystĂšme de politique positive ». Le dessin est une lutte entre la nature et l’artiste, oĂč l’artiste triomphera d’autant plus facilement qu’il comprendra mieux les intentions de la nature. Il ne s’agit pas pour lui de copier, mais d’interprĂ©ter dans une langue plus simple et plus lumineuse ». Charles Baudelaire, Salon de 1846 ». Qui donc a dit que le dessin est l’écriture de la forme ? La vĂ©ritĂ© est que l’art doit ĂȘtre l’écriture de la vie ». Edouard Manet. Le dessin n’est pas la forme, il est la maniĂšre de voir la forme ». Edgar Degas. Mes dessins inspirent et ne dĂ©finissent pas ». Odilon Redon, Le Mouvement symboliste ». Il n’y a rĂ©ellement ni beau style, ni beau dessin, ni belle couleur il n’y a qu’une seule beautĂ©, celle de la vĂ©ritĂ© qui se rĂ©vĂšle ». Auguste Rodin, Propos recueillis par Paul Gsell » Trois conseils pour rĂ©aliser une vente d'Ɠuvre d'art en ligneLes Ɠuvres d’art fascinent le monde entier, les amateurs et les collectionneurs sont Ă  la recherche de la piĂšce la plus Ă©poustouflante possible. Dans les musĂ©es, vous pouvez admirer les Ɠuvres des plus grands artistes qui ont marquĂ© l'Histoire de l'Art. Cependant, si vous en avez les moyens, il est possible d'acquĂ©rir certaines Ɠuvres. Si vous ĂȘtes artiste ou propriĂ©taire d'une Ɠuvre d'art, sachez que vous pouvez vendre votre Ɠuvre d'art en une plateforme en ligne spĂ©cialisĂ©eLa galerie d'art en ligne est une plateforme oĂč les Ɠuvres d’art des nouveaux talents, des nouveaux artistes sont exposĂ©es. Les galeries d'art en ligne certifient de la qualitĂ© de l'Ɠuvre vendue. L'acheteur reçoit un certificat d'authentification, qui lui assure que l'Ɠuvre d'art est une "vraie". De plus, la plateforme aide les artistes Ă  livrer leurs Ɠuvres d’art aux son Ɠuvre d'art en valeurEn se connectant Ă  une galerie d'art en ligne, les internautes ne voient pas l'Ɠuvre d'art en rĂ©elle. Pour que votre Ɠuvre d'art ait un succĂšs auprĂšs du public, il est impĂ©ratif de rĂ©aliser des photos de qualitĂ©. Pour que votre photo soit la plus rĂ©ussie possible, vous devez prendre en compte la luminositĂ©, l'angle, le zoom pour observer tous les dĂ©tails de votre Ɠuvre. Pour Ă©viter de dĂ©cevoir le client, les couleurs de la photographie doivent ĂȘtre les mĂȘmes que celles de l' dĂ©marquer de la concurrenceDepuis des siĂšcles, l'art illustre notre Histoire. Des artistes reconnus ont marquĂ© les annales de l'Art en passant par tous les styles cubisme, impressionnisme, baroque... et toutes les reprĂ©sentations autoportrait, paysage, religieuses, nature morte, statue... . Aujourd'hui encore, de nouveaux artistes s'efforcent de proposer des Ɠuvres d'art au public. Pour que votre travail se distingue des autres, il faut que vous dĂ©veloppiez une idĂ©e qui vous distingue de tout ce qui a Ă©tĂ© fait avant vous. DĂ©finition de l'artiste Celui qui exerce un des beaux-arts. Ce peintre, ce sculpteur est un grand artiste. Une jeune artiste, une pauvre artiste. Qui a le gĂ©nie, le sentiment, le goĂ»t des arts. Cet homme est nĂ© artiste. Voir Ă©galement les Citations bonne annĂ©e Citations sur les artistes Citations NoĂȘl Citations naissance Citations fĂȘte des mĂšres poeme fĂȘte des mĂšres Citations fĂȘte des pĂšres Citations Saint Valentin Et Ă©galement les citations et proverbes sur l'art, les citations courtes sur l'art les citations sur l'art ainsi que des citations sur les artistes
Lart, c'est la vie. Il nous apprend Ă  tolĂ©rer, Ă  communiquer, Ă  dire un « oui » tonitruant Ă  la vie et Ă  Ă©carter les forces rĂ©actives du ressentiment.*. Freud, d'une autre façon, affirme la mĂȘme chose. L'art est sublimation, c'est-Ă -dire esthĂ©tisation des pulsions. CrĂ©er permet de se dĂ©barrasser du refoulĂ©, de toutes les
1En tant que dĂ©rivĂ© du jeu, l’humour, tout comme l’art, intĂ©grerait les principes opposĂ©s de plaisir et de rĂ©alitĂ©, les espaces intrapsychiques et interpsychiques, les instances du conscient et de l’inconscient... Une analyse qui s’alimente autant des textes psychanalytiques » que de l’abondante littĂ©rature critique concernant les courants et tendances de l’art contemporain. 2Humour et art sont deux phĂ©nomĂšnes Ă©nigmatiques, en ce qu’ils opposent une rĂ©sistance Ă  toute analyse et qu’ils risquent de perdre leur attrait une fois mis Ă  nu par une explication. Un tableau de Ben Vautier l’illustre une boĂźte noire avec l’écriture BoĂźte mystĂšre Ă  l’instant oĂč elle sera ouverte elle perdra toute valeur esthĂ©tique. » 3Mais la pulsion Ă©pistĂ©mophilique dĂ©fie cette mise en garde elle nous pousse Ă  ouvrir la boĂźte noire en sachant qu’on n’y parviendra jamais complĂštement. 4Je me limiterai ici Ă  considĂ©rer l’art, que notre Ă©poque appelle plastique », comme hĂ©ritier des beaux arts. 5La question de l’humour dans l’art contemporain a pour moi un Ă©cho personnel. Si je m’interroge sur ce qui me pousse Ă  me rendre aux expositions d’art contemporain, je rĂ©ponds d’abord que j’y cherche une distraction. Je cherche Ă  ĂȘtre amusĂ©e, surprise, pour ressortir avec un bĂ©nĂ©fique chamboulement dans les idĂ©es capable de relancer ma curiositĂ© pour les rĂ©alitĂ©s du monde, de l’époque Ă  venir, de la condition humaine. Bref, je cherche une remise en cause des idĂ©es reçues, qui s’accompagne de plaisir, mĂȘme si parfois elle entraĂźne un certain effroi. En somme, tout le contraire de l’ennui de mon enfance lors des visites si rĂ©pĂ©titives aux musĂ©es et Ă©glises de l’Italie catholique. Dans ces lieux gardiens d’art ancien, Ă©minemment sĂ©rieux, les objets, telles les reliques sacrĂ©es, m’apparaissaient poussiĂ©reux, immuables, sĂ©vĂšres, mĂ©lancoliques. Dans mes souvenirs, ces temples qui conservent l’art sont des contextes oĂč l’humour et le rire sont proscrits. Que les salles de musĂ©e exposent aujourd’hui des Ɠuvres si dĂ©sacralisantes a pour moi le goĂ»t dĂ©licieux du blasphĂšme leur frĂ©quentation me procure le plaisir de la transgression. De plus, en tant que public, je m’offre le confort d’une transgression sans risque le statut officiel du musĂ©e d’art contemporain, leur appartenance au monde culturel, permettent au visiteur de se sentir quelque peu appartenir Ă  ce monde. Donc cela me procure en prime une satisfaction de nature narcissique. 6En tant que sujet contemporain, je me sens parfois Ă  la merci d’importants changements de notre Ă©poque en perpĂ©tuelle Ă©volution, en perpĂ©tuelle crise de valeurs, sans certitudes auxquelles s’accrocher. Le spectacle de l’art contemporain m’offre alors une mise en perspective de ces angoisses, d’une autre nature que celle que l’on peut atteindre par une dĂ©marche purement rationnelle. Il ouvre des perspectives inĂ©dites par la mise en relation d’élĂ©ments a priori distincts qui aboutissent Ă  un nouvel objet original. Il consent un sentiment de lĂ©gĂšretĂ© aussi inattendu sur des sujets graves ou inquiĂ©tants. 7Le rĂ©sumĂ© de ces bĂ©nĂ©fices personnels issu de la contemplation de l’art contemporain correspond aux bĂ©nĂ©fices de l’humour tels que S. Freud et quelques autres de ses successeurs les ont dĂ©crits. La remise en cause des pensĂ©es reçues voire le plaisir de la transgression proviennent de l’émergence soudaine de contenus pulsionnels dans un contexte secondarisĂ© ; le ressenti de lĂ©gĂšretĂ© face Ă  la gravitĂ© de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure correspond au rĂŽle consolateur de l’instance parentale intĂ©riorisĂ©e qui montre au moi-enfant le cĂŽtĂ© risible de ses peurs. L’humour fonctionne comme une dĂ©fense contre la honte, la dĂ©pression, le mĂ©contentement, le dĂ©goĂ»t, le dĂ©sespoir dont l’excellence le rapproche de la sublimation, bien qu’il relĂšve plutĂŽt de l’économie narcissique le moi ne se laisse pas accabler par les calamitĂ©s de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure. 8Humour et art sont intimement liĂ©s dans la thĂ©orie psychanalytique. Mais, pour saisir la place que l’humour a prise dans l’expression artistique contemporaine, il faut rappeler que, dans l’histoire de l’art, le comique a Ă©tĂ© exclu ou marginalisĂ©. Pour les anciens, l’humour Ă©tait thĂ©rapeutique de l’humeur par la voie de la catharsis Hippocrate pensait que dans le rire s’écoulaient les excĂšs de bile, l’humeur noire nĂ©faste Ă  l’organisme entendu comme un ensemble psychosomatique ; ce qui rejoint Aristote dans la thĂ©orie de la fonction cathartique d’un spectacle artistique notamment le théùtre. Humour et humeur ont une mĂȘme origine Ă©tymologique que la langue anglaise a conservĂ©e. 9Mais, depuis le Moyen Âge, la conception chrĂ©tienne du rire a prĂ©dominĂ© il Ă©tait du cĂŽtĂ© du mal, du satanique. L’art Ă©tait une affaire sĂ©rieuse, puisque liĂ©e Ă  la religion, puis aussi aux personnages haut placĂ©s dans la politique. Les rares exceptions d’Ɠuvres burlesques Ă©taient considĂ©rĂ©es Ă  la marge de l’art, en tant que formes mineures la caricature. 10Ce n’est que lorsque l’art se donne une tĂąche critique des valeurs, de la religion, du pouvoir Ă©tabli, des institutions y compris celles de l’art lui-mĂȘme, que les conditions propices Ă  l’utilisation de l’humour apparaissent. L’humour peut dire quelque chose de la rĂ©alitĂ© dans laquelle nous vivons et reprendre ainsi une position morale tout en restant ludique. 11La libertĂ© de reprĂ©sentation, la recherche de l’abolition des censures, l’ouverture sur l’exploration de toutes les possibilitĂ©s Ă©lĂšvent l’humour dans ses diffĂ©rentes formes au rang de catĂ©gories est prĂ©sent dans quasiment tous les courants d’art contemporain, aussi divergents les uns des autres. Nous ne choisirons que quelques exemples parmi un nombre continuellement entre art et humour le jeu12Si l’utilisation de l’humour dans l’art ne se trouve lĂ©gitimĂ©e que depuis l’époque moderne, ces deux termes relĂšvent pourtant du mĂȘme domaine tout comme la crĂ©ation artistique, naĂźt de la capacitĂ© de jouer. La particularitĂ© paradoxale du jeu est de faire coexister le principe de plaisir avec le principe de rĂ©alitĂ©. En tant que dĂ©rivĂ©s du jeu, l’humour et l’art hĂ©ritent de lui l’aptitude unificatrice et conciliatrice des opposĂ©s. 14Jouer est une premiĂšre forme de mĂ©taphorisation qui permet le passage de l’objet primaire Ă  l’utilisation d’autres objets, cheminement de la symbolisation qui aboutit au langage comme Ă©ventuellement Ă  l’expression artistique. Le jeu naĂźt de la nĂ©cessitĂ© de dĂ©passer une souffrance, et l’enfant acquiert la maĂźtrise de la situation douloureuse en apprenant par le jeu Ă  se la reprĂ©senter. Par la progressive mentalisation de l’objet, l’activitĂ© du jeu se parachĂšve dans la reprĂ©sentation de choses, puis de mots. La manipulation des reprĂ©sentations de mots a l’avantage de permettre une Ă©norme libertĂ©, dont les rĂȘves, les jeux de mots, sont des exemples. D’autre part, l’activitĂ© de jeu peut aussi aboutir au travail artistique, manipulation d’un matĂ©riau ou de sa motricitĂ© pour concrĂ©tiser des reprĂ©sentations les Ɠuvres. 15Dans Les Mots d’esprit et leur rapport avec l’inconscient, S. Freud fait dĂ©river le Witz esprit et mot d’esprit en allemand du jeu enfantin avec les mots qui reposent sur la rĂ©pĂ©tition du semblable, l’assonance, la redĂ©couverte du connu. CondamnĂ© par la conscience adulte parce que contraire Ă  la raison, le jeu avec les mots ne peut subsister qu’à condition de trouver un sens, pour rĂ©pondre aux nouvelles exigences de l’intellect. Pour ne pas renoncer Ă  ce plaisir du non-sens, pour tromper l’instance critique, l’adolescent cherche Ă  faire du sens dans le non-sens. 16S. Freud retrouve les mĂȘmes procĂ©dĂ©s du travail du rĂȘve dĂ©placement, condensation, figuration, dans ce que l’on a appelĂ© plus tard le travail de l’humour ». L’art plastique aussi peut employer les mĂȘmes procĂ©dĂ©s comme le rĂȘve, il utilise la plasticitĂ© visuelle, comme le Witz celle des mots. 17Art et humour peuvent s’analyser comme un jeu entre un contenu manifeste et un contenu espace interrelationnel18L’espace de jeu correspond Ă  une aire transitionnelle situĂ©e entre rĂ©alitĂ© psychique et rĂ©alitĂ© extĂ©rieure. Cet espace du comme si » est l’espace de l’illusion D. W. Winnicott, qui participe de l’espace culturel dont l’art est partie intĂ©grante. 19L’humour et l’art partagent la mĂȘme collocation psychique dans un entre-deux. Entre deux instances inconscient et conscient, fantasme et rĂ©alitĂ©. Mais aussi entre deux espaces l’espace intrapsychique et l’espace interpsychique. Car la capacitĂ© de jouer comporte des allers-retours entre des contenus subjectifs, inconscients, et une forme communĂ©ment partageable, secondarisĂ©e. 20L’humour comme l’art permet de rĂ©soudre aussi l’ambivalence de pulsions, il peut exprimer l’agressivitĂ© et garder les liens objectaux ; il garde les investissements narcissiques et objectaux, car, bien que relevant d’un travail essentiellement intrapsychique, il a tout de mĂȘme besoin d’un public pour ĂȘtre communiquĂ©. 21Humour et Ɠuvre d’art se forment Ă  partir d’un dĂ©sir inconscient qu’ils rĂ©alisent de façon imagĂ©e, comme le rĂȘve, le fantasme et le symptĂŽme. Mais, Ă  la diffĂ©rence de ceux-ci, ils s’ouvrent aux autres qui, du coup, pourront partager les bĂ©nĂ©fices narcissiques sans avoir dĂ©pensĂ© l’énergie nĂ©cessaire au travail artistique et-ou au travail de l’humour. 22Le public ainsi transformĂ© en complice des mĂȘmes tendances pulsionnelles exprimĂ©es peut, de surcroĂźt, se sentir appartenir au cercle des initiĂ©s. À son tour, l’approbation du public fonctionne comme miroir rĂ©assurant pour le narcissisme de l’ rire des mĂȘmes choses implique une certaine consonance de fonctionnement psychique. Si elle est absente, le public peut avoir un sentiment d’exclusion, voire de persĂ©cution, d’ĂȘtre la victime dont on rit, si l’Ɠuvre lui semble inaccessible. En tĂ©moignent ceux qui mĂ©prisent l’expression artistique contemporaine parce que, tout en percevant l’existence d’une dimension transgressive et-ou humoristique, elle leur quoi se moque l’art ?23Bien que les prĂ©misses soient prĂ©sentes dans plusieurs courants artistiques, l’on peut faire remonter au dadaĂŻsme et au ready-made de M. Duchamp le dĂ©but d’un positionnement humoristique de l’art sur lui-mĂȘme. 24Un ready-made est un objet dĂ©signĂ© comme Ɠuvre par l’artiste et par son public. Ainsi, un urinoir renversĂ© porte pour titre Fontaine. D’abord, l’ensemble surprend, le titre contraste et confĂšre une perspective nouvelle Ă  ce qui est perçu visuellement. Les associations d’idĂ©es se portent sur le renversement de situation oĂč le flux de l’urine, eau sale, entre dans le rĂ©ceptacle de l’urinoir, alors que, de façon opposĂ©e mais analogue, l’eau propre jaillit d’une fontaine Ă  laquelle est associĂ© communĂ©ment le geste de s’abreuver. Fantasme phallique-urĂ©tral du petit garçon qui a donnĂ© forme Ă  certaines sculptures ornant les fontaines baroques. Mais un renversement analogue dans un autre domaine s’opĂšre ici un objet rĂ©putĂ© vulgaire non seulement parce que reproductible, fabriquĂ© en sĂ©rie, mais aussi en raison de sa fonction, est Ă©lu au rang d’objet d’art, entrant soudainement dans le royaume du sublime. 25L’effet de surprise a sa fonction dans l’humour pendant un instant, l’Ɠuvre nous sidĂšre, nous restons hĂ©sitants. Comprendre l’humour nĂ©cessite la suspension de la morale, de la critique intellectuelle. Nous partageons la mĂȘme mise entre parenthĂšses de ces catĂ©gories avec l’auteur et la satisfaction qui en dĂ©coule. En mĂȘme temps, il nous Ă©pargne le chemin rationnel que nous aurions dĂ» parcourir pour aller d’une idĂ©e Ă  l’autre ou aux autres condensĂ©es dans un mĂȘme mot ou une mĂȘme se moque de lui-mĂȘme26La dĂ©marche transgressive du ready-made touche Ă  l’image de l’art ouvrant la voie Ă  un ensemble infini d’explorations oĂč la critique de la sociĂ©tĂ© est en mĂȘme temps remise en cause de l’artiste, de son propre courant artistique, de l’art en gĂ©nĂ©ral. 27Citons l’exemple trĂšs connu de P. Manzoni du courant de l’ arte povera », la boĂźte de conserve Merda d’artista, de 1961. Parodie de l’Ɠuvre d’art idĂ©alisĂ©e, avertissement que mĂȘme une Ɠuvre d’art est destinĂ©e Ă  sa finale consomption. Ici, la dĂ©sublimation de l’art va de pair avec la dĂ©sillusion de la croyance en sa pĂ©rennitĂ©. Deux reprĂ©sentations opposĂ©es fusionnent l’Ɠuvre et son auteur sont de la merde et ils ne se prennent pas pour de la merde ! L’excrĂ©ment fĂ©tiche qui se vend sur le marchĂ© de l’art retrouve son statut inconscient de matiĂšre d’échange, d’équivalence symbolique Ă  l’argent, voire Ă  l’or, puisque c’était le cours journalier du mĂ©tal fin qui a fixĂ© le prix des canettes de trente grammes ! La sexualitĂ© anale infantile est mise en scĂšne sans entraves. 28L’Ɠuvre consiste en mĂȘme temps en la boĂźte de conserve, avec une Ă©tiquette qui la nomme, et en l’idĂ©e de ce que cet objet reprĂ©sente. La boĂźte perd sa valeur une fois ouverte, tout comme la boĂźte mystĂšre » de Ben. L’artiste B. Bazile qui le fait en 1989 y trouve une autre boĂźte. 29Cloaca de W. Delvoye en 2000 un engin qui reproduit le systĂšme digestif humain. Un ensemble de tuyaux transparents d’allure trĂšs hygiĂ©nique qui, correctement alimentĂ©, produit six heures plus tard des Ă©trons qui sont mis en vente sous cloche. Plusieurs chefs de la gastronomie française se prĂȘtent au jeu et prĂ©parent des plats pour la machine. L’humanisation de la machine montre son revers la mĂ©canisation de l’humain moderne. Instrument Ă  transformer la nourriture en excrĂ©ment, cette sculpture est une vanitas » de la sociĂ©tĂ© de consommation un mĂ©canisme digestif gĂ©ant, complexe, irrĂ©prochablement propre qui ingurgite des quantitĂ©s de nourriture pour ne produire, in fine, que des dĂ©chets commercialisĂ©s. Condensation de deux images de l’homme contemporain la machine et l’animal dans sa forme la moins Ă©voluĂ©e, telle un gastĂ©ropode ! Mais l’art aussi devient, Ă  l’image de l’homme, un immense mĂ©canisme qui produit des excrĂ©ments Ă  se moque des idoles humour cynique30L’art, aujourd’hui, s’est donnĂ© comme l’une des tĂąches la dĂ©nonciation des valeurs de la sociĂ©tĂ©, de ses institutions jusqu’à celles de l’art mĂȘme. 31L’art se moque, dĂ©masque, dĂ©tourne des valeurs qu’il a pourtant officiellement dĂ©passĂ©es. Comme une dĂ©nĂ©gation, il nie l’adhĂ©sion Ă  des codes pourtant reprĂ©sentĂ©s, montrant d’une part son attachement ambivalent Ă  ceux-ci. De lĂ , son besoin de lĂ©gitimation du public, sa recherche de complices rĂ©confortant sa position. L’humour sert alors cette connivence. Il s’agit d’humour tendancieux, car l’on aperçoit la percĂ©e des pulsions partielles dans ce que les Ɠuvres donnent Ă  voir. 32D’Arsen Salvadov, une photographie couleur Donbass-Chocolat, 1997. DerriĂšre une porte ouverte qui sert de cadre, des mineurs semblent poser pour un ballet. Ils sont nus ou en tutus blancs, sales de suie charbonneuse, au regard sĂ©vĂšre et dans des postures fatiguĂ©es par le labeur. C’est une citation des clichĂ©s qui hantent le peuple russe le ballet classique et la force ouvriĂšre. Le premier fĂ©minin, lĂ©ger, Ă©thĂ©rĂ©. La seconde masculine, puissante, musclĂ©e. Une image de l’art russe, dĂ©suĂšte, candide, contrastant avec une rĂ©alitĂ© du travail dure et humiliante. La satisfaction sado-anale de salir, rabaisser un tel idĂ©al artistique et de sociĂ©tĂ©, pour en dĂ©masquer l’hypocrisie. 33À notre Ă©poque qui se dĂ©tache des prĂ©ceptes catholiques, l’humour dans l’art charnel d’Orlan parodie sainte ThĂ©rĂšse du Bernin, les mots de l’Évangile. Il dĂ©nonce aussi la commercialisation de l’art, sous forme de prostitution. 34Beaucoup d’Ɠuvres adoptent une forme humoristique pour dĂ©nigrer la sociĂ©tĂ© commerciale actuelle avec ses corollaires de gaspillage, mauvaise rĂ©partition des richesses et de soucis Ă©cologiques. 35Nus de RĂ©my Le Guilerm, 1994. Devant un mur qui porte la reproduction de La Chute de l’homme et l’expulsion du jardin d’Eden de Michelangelo Buonarroti, un couple aussi nu qu’Adam et Eve pousse un caddie regorgeant de pommes rouges. Ils ont l’air effrayĂ©s, comme s’ils avaient peur d’ĂȘtre surpris ou craignaient une catastrophe. La citation du tableau classique Ă©voque le thĂšme judĂ©o-chrĂ©tien de la faute originelle. Mais le caddie plein Ă  ras bord de pommes au premier plan contraste avec la pomme » unique, Ă  valeur hautement symbolique, qu’Eve propose Ă  Adam. En un seul regard, l’exagĂ©ration nous apparaĂźt grotesque, Ă  la mesure de la commercialisation, de la convoitise des humains d’aujourd’hui. Mais, derriĂšre le contexte actuel, nous sommes renvoyĂ©s au thĂšme plus universel de l’aviditĂ© orale archaĂŻque du bĂ©bĂ© jamais rassasiĂ© qui guette en nous. L’envie du bon sein gĂ©nĂ©reux de la mĂšre-terre nous pousse Ă  dĂ©sirer le vider de tout son lait. D’oĂč la crainte d’une rĂ©torsion et l’angoisse d’ĂȘtre dĂ©truit ou rejetĂ© par elle. 36Le land art opĂšre dans sa dĂ©marche un renversement humoristique le paysage n’entre plus dans le tableau, il devient lui-mĂȘme tableau », Ɠuvre. 37Un exemple qui ne passe pas inaperçu est celui des empaquetages de monuments de Christo. Paradoxe visuel dans le paysage urbain le monument est cachĂ©-montrĂ©, effacĂ©-soulignĂ©, illustrant la rĂ©gression Ă  la reprĂ©sentation de choses oĂč le principe de contradiction est inopĂ©rant. 38Tandis que, d’habitude, le monument passait inaperçu, son emballage attire le regard, le rendant soudainement plus dĂ©sirable, comme un cadeau qui invite Ă  le dĂ©couvrir, comme le corps de l’amant qui invite Ă  le dĂ©shabiller. C’est aussi un rappel que mĂȘme le monument, malgrĂ© sa charge d’art et d’histoire, n’est qu’une marchandise emballĂ©e, prĂȘte Ă  ĂȘtre consommĂ©e. Du coup, l’humour touche aussi l’image de l’art et de l’artiste qui cache, emballe les monuments dĂ©jĂ  faits, au lieu de les conceptuel pousse la question ouverte par le ready-made jusqu’à ses extrĂȘmes consĂ©quences l’art consiste en l’idĂ©e, vĂ©hiculĂ©e par le discours. Les Ɠuvres finissent par ressembler, Ă  s’y mĂ©prendre, Ă  des mots d’esprit, quelques-uns devenus cĂ©lĂšbres comme des proverbes. En France, les exemples les plus connus sont ceux de la sĂ©rie de tableaux » de Ben Vautier oĂč la figuration du mot tableau » le reprĂ©sente comme un tableau noir d’école sur lequel apparaissent des parodies de maximes dans une Ă©criture cursive blanche comme Ă  la craie. L’humour joue ici sur le double sens du mot dont l’un est donnĂ© Ă  voir par la figuration, comme dans un rĂȘve. Mais l’humour, dans chacun de ses tableaux », rĂ©side dans une multiplicitĂ© de sens. Citons, par exemple, on est tous ego ». Ici, l’écriture est dĂ©viĂ©e de son orthographe attendue, laissant apparaĂźtre une autre pensĂ©e sous-jacente Ă  on est tous Ă©gaux ». À la lecture, un seul mot recouvre deux idĂ©es diffĂ©rentes, mais qui se renvoient l’une l’autre c’est l’égocentrisme de chacun qui nous rend tous pareils. L’apparence est celle d’un lapsus calami involontaire d’un enfant qui ignorerait l’orthographe. Mais l’esprit naĂŻf rĂ©vĂšle une vĂ©ritĂ©. Ce mot d’esprit faussement inoffensif, selon la catĂ©gorie freudienne, dĂ©shabille, en rĂ©alitĂ©, comme le mot Ă  tendance sexuelle et, comme le mot Ă  tendance hostile, il attaque, dĂ©voilant ainsi l’intĂ©rĂȘt narcissique qui hante et contredit le principe Ă©galitaire, fondement de notre sociĂ©tĂ© dite dĂ©mocratique ».L’art se moque de la mort l’humour noir39Dans le type d’humour dit noir », le moi lutte contre l’angoisse de castration, dont l’extrĂȘme est bien l’angoisse de mort. Le macabre est rabaissĂ©, ridiculisĂ© au profit du narcissisme. 40Du courant Panique » de Pan, dieu de l’amour, de l’humour et de la confusion, Abel Ogier sculpte l’ Homme bĂ©quille » un homme cul de jatte, nu, se servant de bĂ©quilles qui sont en fait ses jambes. 41Comme une image de rĂȘve, l’humour ici joue sur la condensation bĂ©quilles et jambes il est handicapĂ©, mais il a ses jambes Ă  la place des bĂ©quilles
. L’impression visuelle, d’abord effrayante, laisse vite la place Ă  l’idĂ©e que le handicap est d’une autre nature, que la difficultĂ© Ă  maintenir la station dĂ©bout et Ă  marcher est celle de l’artiste en tant que homo erectus » d’assumer sa position existentielle qui lui permettrait un regard vers l’horizon et une avancĂ©e vers l’ noir s’exprime dans le body art, ce qui ne surprend pas puisque cette forme artistique qui fait du corps son Ɠuvre et son mĂ©dium porte de façon exacerbĂ©e la question de la finitude corporelle comme limite. Ainsi M. Journiac propose un Contrat pour un corps en 1972 une transformation post mortem de son squelette en Ɠuvre d’art Vous pariez pour la peinture, votre squelette est laquĂ© blanc. Vous pariez pour l’objet, votre squelette est revĂȘtu de vos vĂȘtements. Vous pariez pour le fait sociologique, l’étalon-or, votre squelette est laquĂ© or. » Les deux conditions du contrat mourir et lui cĂ©der son corps Ardenne, 2001. L’artiste transforme votre dĂ©pouille en Ɠuvre impĂ©rissable. C’est faire un pied de nez Ă  la mort, se consoler avec l’idĂ©e d’une certaine forme de pĂ©rennitĂ© se moque de sa capacitĂ© de crĂ©er l’humour sceptique42À notre Ă©poque dite postmoderne », l’humour devient souvent sceptique. Certains courants en Ă©taient les prĂ©curseurs, par exemple le pop art, mais mĂȘme sous une forme prosaĂŻque d’images publicitaires, d’objets de consommation les plus vulgaires et communs, l’art avait encore son mot Ă  dire. 43Or, l’on voit aujourd’hui apparaĂźtre des formes d’art qui semblent crier le dĂ©sespoir de l’ancien proverbe Nihil novi sub sole. 44L’attitude d’autodĂ©rision devient franchement autodĂ©prĂ©ciative avec Sherrie Levine, simulationniste des annĂ©es quatre-vingt, qui reflĂšte la perte de foi dans l’art comme moyen de changement de la sociĂ©tĂ©. Sa dĂ©marche radicale consiste Ă  signer des reproductions de tableaux d’auteurs connus. Sa signature s’accompagne de celle du maĂźtre, par exemple S. Levine after Morandi », oĂč after » peut se traduire par d’aprĂšs » et-ou aprĂšs ». C’est une forme d’humour dĂ©sespĂ©rĂ© qui exprime un sentiment d’impasse de l’art et du monde postmoderne, un sursaut du moi qui cherche malgrĂ© son accablement Ă  reprĂ©senter l’affect mĂ©lancolique qui ne laisse pas de place Ă  l’espoir, au futur. Il n’y aurait plus de crĂ©ation possible, que de la recrĂ©ation. La rĂ©fĂ©rence aux maĂźtres ne laisse plus d’espace au sujet l’idĂ©al du moi Ă©crase le narcissisme. 45L’humour tire gĂ©nĂ©ralement profit d’une souffrance, comme le masochisme Ă  cette diffĂ©rence prĂšs qu’il la dĂ©joue sans l’ignorer, il ne l’érotise pas. Mais l’humour sceptique dans l’art postmoderne laisse trop passer l’impuissance, le dĂ©sespoir, il arrive mal Ă  les contredire. La sidĂ©ration de l’effet de surprise risque de se figer au lieu de se dĂ©tendre en un sourire de et art s’expriment dans l’espace de l’illusion, espace de libertĂ© nĂ©cessaire Ă  l’équilibre psychique de l’individu comme Ă  celui de la sociĂ©tĂ©. En cela, ils aident Ă  soulager la tension entre les deux pĂŽles de l’existence la rĂ©alitĂ© interne et la rĂ©alitĂ© externe. 47L’humour offre une solution contre des affects qui pourraient menacer l’intĂ©gritĂ© du moi. Il s’agit donc d’un enjeu narcissique. Il n’est pas surprenant que l’humour apparaisse dans l’art Ă  notre Ă©poque si hantĂ©e par les menaces narcissiques dont elle cherche, par tous les moyens, Ă  se dĂ©fendre. 48L’humour dans l’art contemporain dĂ©fie l’angoisse d’anĂ©antissement, les valeurs de la sociĂ©tĂ© et ses propres idĂ©aux, jusqu’à s’attaquer – ce qui est plus rĂ©cent – aux fondements mĂȘmes de son existence. 49Mais l’humour possĂšde la capacitĂ© de se reprendre pour sortir de l’impasse tout peut ĂȘtre relativisĂ©, rĂ©cupĂ©rĂ© et mis en perspective symbolique. Comme ce tableau de Ben qui nous servira de conclusion Cela ne sert Ă  rien de vous stresser, respirez, souriez, laissez-vous aller, tout est art. » . 395 275 154 324 235 318 12 376

l art sert il a quelque chose